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CHTO

interdit aux moins de 15 ans

Sonia Chiambretto : voix/ texte

Deborah Lennie : voix

Patrice Grente : éléctroniques.

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CHTO interdit aux moins de 15 ans de Sonia Chiambretto (Actes Sud, 2009)

« Chto Interdit aux moins de 15 ans » est écrit à partir d’un travail sur le recueil de témoignages, d'une traversée européenne, de passages aux frontières, de diverses communautés en lien avec la guerre et l’exil. Il raconte le déplacement dans la langue de trois individus. Surgissement d’une nouvelle langue, effacement des corps jusqu’à l’effacement du texte, ou presque : mots barrés, hachurés, engrillagés, trous, silences, fragments de documents, témoignages, les notions d’identités sont traduites dans la langue du poète, dans le son. CHTO nous offre par l'écoute, un regard sur l'Europe, sur le monde, sur notre siècle.

Dans CHTO (« quoi » en tchétchène), la barbarie précède le texte. Nous débarquons de toute langue convenue pour prendre acte de ce que sont les corps, là-bas, à Saint-Petersbourg, à Grozny, en compagnie de Sveta, une enfant, découvrir des corps en transit réduits à la binarité du CIRCULE / CIRCULE PAS, au martèlement pour toute réponse des possibilités expressives limitées du « RAH », son guttural qui pour être produit nécessite à la fois fermeture du larynx (rétention) et brutale expulsion d'air (rejet).

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ils éclatent le rire / allez / viens avec / envie de / ça se voit / oui / froid / tous avec toi / rah rah rah rah rah / à l'oreille de grand-mère contre : / viens avec / pourquoi pas / je cache mon visage / ils : CHTO ! CHTO ! / je tousse

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CHTO_interdit_au_moins_de_15_ans_modifié

COMME

ÇA

CHTO résulte d'une rencontre avec une enfant Tchétchène. Sonia Chiambretto travaille (tout au moins pour ce projet) à partir d'entretiens - surcroît de véracité hallucinatoire à la densité de ce court livre, très écrit à force d'être minimal.
La justesse de ton de Sonia Chiambretto est celle d'une inquiétude fondamentale. Du documentaire de guerre à l'illettrisme et l'exclusion à l'arrivée, les volets de CHTO articulent un parcours connu, celui de l'exil en temps de guerre.

L'immémorialité de la situation est « équipée » d'un lexique, comme pour mieux signifier que la langue (qui s(ympt)omatise l'état de possible relation) ici n'est plus celle qu'on suppose, précis de décomposition, COMME CA : têtes de chapitre en _Coup de glotte _Terrorisme _Motif, ou plus loin en typologie _Chat-langue, _Nostalgie-langue ou _Soldat-langue. Non sans l'humour tragique qui par endroit saisit quand les réfugiés se font exclure du Chat parce qu'ils ne savent que répliquer ici la guerre qu'ils se font là-bas, quand on apprend que Tchétchènes et Russes aiment les mêmes chansons. Car il est déjà dans le texte question de musique. Il y a écrit un rap, écrit déjà en lettres latin et ensuite traduit dans une police particulière fait de dessins, ressemblant plus à du graphisme qu'à des mots.

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« Ils ont dit [les policiers R] : Oh Pourquoi tu ne me regardes pas / Quoi/ Tu as vu un fantôme ou quoi / Quoi/ Ils ont bu / Ils ont fumé / Ils sont comme fous / COMME ÇA. »

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